Réflexions après une année de coordination du recyclage

Si nous devons revenir sur la façon dont tout cela a commencé, il faut être honnête et commencer par une déception. Je n'ai pas obtenu le poste de coordinatrice de la durabilité que je voulais (clin d'œil à mon incroyable collègue). On pourrait donc penser que ce n'est pas un très bon départ.  Eh bien, la vie est pleine de surprises et trois mois plus tard, je reçois un appel me disant que je devais vraiment postuler à ce poste de coordinatrice du recyclage. J'étais passionnée par la question des déchets et cela ne pouvait pas être si éloigné du développement durable, alors pourquoi pas ? Me voici, un an et quelques mois plus tard, en train de réfléchir à ce parcours absolument incroyable. 

Je suis entrée dans le bureau des immeubles sans aucune attente et avec un esprit très ouvert. J'y ai trouvé un sentiment d'appartenance et d'acceptation qui s’est avéré assez rafraîchissant, surtout après un parcours professionnel compliqué depuis mon arrivée au Canada. J'ai atterri ici en 2018 avec deux valises et le désir de poursuivre une carrière dans le domaine du développement durable. Si j'ai eu la chance de trouver facilement des emplois, trouver mon rythme a été plus compliqué. Les tâches devenaient ennuyeuses ou l'espace pour la créativité se trouvait vite assez limité. Heureusement, j'ai pu compter sur des équipes extraordinaires qui ont été très compréhensives et qui m'ont aidé à façonner mes prochaines étapes. À l'Université d'Ottawa, j'ai découvert que je pouvais accomplir des tâches différentes tous les jours et rester créative et extravertie tout en relevant de nombreux défis.  

Tout d'abord, j’ai un léger TDAH, alors mon style de travail n'est pas tout à fait typique (jeu de mots complètement volontaire). Pendant longtemps, je ne l'ai pas mentionné lors de mes entretiens. Maintenant, c'est le premier détail dont je parle pour m'assurer que la personne qui veut m'engager (et mes 300 idées à la minute) est à l'aise avec ma façon d'aborder le travail. La réaction de l'équipe uOttawa a été...  oh ne vous inquiétez pas, nous aurons plein de choses pour vous occuper ". Et j'ai été occupée, en effet ! 

J'ai commencé mon travail avec une mission très concrète : changer la signalisation pour les 5 prochaines années. Avec cette mission, j'ai fait mes premiers pas dans les marchés publics et l'éducation au recyclage. Être coordinatrice du recyclage implique de marcher BEAUCOUP. Lors de ma plus grosse journée, j'ai parcouru 14 kilomètres à travers le campus pour vérifier les bacs, les installations et les affiches. Alors que j'apprenais à connaître les articles qui pouvaient être recyclés et ceux qui ne le pouvaient pas...qui aurait cru que c'était si compliqué !  


Justine, coordinatrice du recyclage à uOttawa, tient des flèches d'orientation devant son visage

Peu après, j'ai commencé mon parcours en maîtrise d’excel. De padawan à mini-Jedi, un de mes collègues m'a guidé à travers les tableaux croisés dynamiques et autres fonctions dont je n'avais jamais entendu parler. Vous vous demandez comment le recyclage et les fichiers d'Excel peuvent s'accorder ? Je suis sûre que peu de gens pensent au processus de recyclage sur le campus et à l'endroit où les déchets vont à terme... je sais que je ne le faisais pas avant d'occuper ce poste ! La gestion des déchets et du recyclage sur le campus exige beaucoup de coordination et de suivi : poids des articles pour chaque flux de déchets, dates de ramassage, coûts, frais supplémentaires en cas de contamination, etc. Même si je me considère comme une personne désordonnée, j'ai trouvé une profonde satisfaction à réorganiser nos plannings et nos fichiers Excel. J'ai Mari Kondoïsé nos archives en piles bien ordonnées et j'ai découvert que je pouvais me concentrer pendant trois heures d'affilée sur la gestion des données. Tous ceux qui me connaissent en dehors du bureau peuvent témoigner de l'improbabilité de ce phénomène. L'organisation des données m'a aidé à comprendre l'étendue de mon travail pour nous rapprocher d'un avenir sans déchets. Grâce aux données, j'ai pu visualiser la quantité d'objets que nous avons sauvés des décharges grâce à la Gratuiterie et au programme de réutilisation des meubles.  

Justine, coordinatrice du recyclage à l'Université d'Ottawa, trie les déchets avec un étudiant

En parlant de visualisation, si je devais choisir un jour préféré (techniquement deux jours) dans mon année, ce serait le « déposez et dégagez ». La quantité de choses que vous empilez dans le sous-sol de Leblanc est absolument insensée. J'ai dû marcher 20 kilomètres ce jour-là, mais je ne l'ai même pas remarqué. Nous courons tous contre la montre pour sauver autant d'articles que possible de la décharge. Des machines à café aux mini-réfrigérateurs en passant par les lampes, tant de choses sont laissées derrière que des questions se posent. Le fait de voir une littérale montagne de vêtements presque neufs doit nous faire réfléchir à nos décisions d'achat. J'aime les journées « déposez et dégagez » car elles englobent tout ce pour quoi mon équipe se bat : un avenir plus durable et plus équitable. Un combat mené avec tant de joie et de gentillesse qu'il me fait espérer le meilleur pour l’avenir.  

L'Université d'Ottawa m'a changée. J'ai acquis une grande confiance dans ce que je fais, pourquoi et comment je le fais. Mon équipe a accueilli ma créativité avec une admiration absolue et m'a permis d'entreprendre de nombreuses nouvelles aventures, comme la création de sacs fourre-tout à partir de chutes de tissu ou la rédaction d'articles de blogue à des moments aléatoires de la journée (ou de la nuit). Cette année m'a fait croire que tout est possible avec de la passion et de la patience (on travaille encore sur ce dernier élément...). 

Me voici donc, un an et quelques mois après mon premier jour en tant que coordonnatrice du recyclage, avec l'impression d'avoir commencé il y a trois jours. Merci à toutes celles qui ont rendu mon poste ici si agréable !




~ justine lemoine, coordinatrice de recyclage